Le Cylindre Phonographique : Le Premier Support Musical Enregistré
Bien avant l'apparition des disques vinyles, des cassettes, ou même des CDs, il existait un support sonore qui marqua l'avènement de l'enregistrement musical : le cylindre phonographique. Inventé à la fin du 19e siècle par Thomas Edison, ce support est le tout premier à avoir permis l'enregistrement et la reproduction de sons, marquant ainsi le début de l’industrie de la musique enregistrée.
L'Invention du Cylindre Phonographique
Le cylindre phonographique fut développé par Thomas Edison en 1877 dans le cadre de ses recherches sur le télégraphe et le téléphone. Il s'agissait alors d’un cylindre recouvert de feuille d’étain sur lequel une aiguille grave les vibrations sonores captées par un microphone. Edison lui-même enregistra sur ce cylindre l’une des premières pièces musicales, avec le fameux Mary Had a Little Lamb, devenant ainsi le premier enregistrement sonore de l’histoire.
En 1889, Edison améliora la conception de son cylindre en remplaçant l’étain par un matériau plus résistant : la cire. Cela permit une meilleure qualité sonore et une plus grande durabilité des enregistrements, tout en augmentant la capacité de production des cylindres.
Le Fonctionnement du Cylindre
Le cylindre phonographique fonctionnait sur un principe mécanique simple : les vibrations sonores captées par un microphone étaient converties en mouvements physiques de l’aiguille, qui gravaient des sillons sur la surface du cylindre. Pour écouter l’enregistrement, le cylindre tournait à une vitesse constante pendant que l’aiguille lisait les sillons, produisant ainsi le son. Un amplificateur acoustique en forme de pavillon permettait d’augmenter le volume.
Les premiers cylindres pouvaient contenir environ deux à quatre minutes de son, ce qui suffisait pour enregistrer de courtes chansons ou des discours.
L'Âge d'Or du Cylindre (1880-1910)
Le cylindre phonographique connut un certain succès dans les années 1880 à 1910, surtout grâce à l’amélioration des techniques de production. À cette époque, des entreprises comme la North American Phonograph Company et plus tard la Columbia Phonograph Company commencèrent à commercialiser des cylindres préenregistrés, ce qui permit au grand public de découvrir des artistes et des musiciens sans avoir à se déplacer dans les salles de concert.
Le cylindre phonographique fut également un outil précieux pour les ethnomusicologues, qui s’en servaient pour enregistrer et conserver des musiques traditionnelles ou des voix dans le cadre de leurs recherches. Ces enregistrements sont aujourd'hui des archives inestimables du patrimoine culturel de nombreuses sociétés.
Le Déclin et la Supplantation par le Disque Plat
Le cylindre phonographique commença à perdre du terrain dès les années 1910 face à l'essor du disque plat, inventé par Emile Berliner en 1887. Le disque plat, qui fonctionnait sur le même principe mécanique, se révéla plus facile à produire en masse et à stocker. Contrairement aux cylindres, les disques pouvaient être empilés, ce qui facilitait leur distribution.
En 1912, Edison lui-même arrêta la production de cylindres pour se concentrer sur les disques. À partir de là, le cylindre tomba peu à peu dans l’oubli, bien qu’il ait ouvert la voie à l’enregistrement sonore moderne.
Le Cylindre Aujourd’hui : Un Trésor Historique
Aujourd’hui, les cylindres phonographiques sont considérés comme des objets de collection et des témoins historiques du début de l'enregistrement sonore. Grâce aux avancées technologiques, certains de ces enregistrements ont pu être restaurés et numérisés, permettant de redécouvrir des œuvres musicales enregistrées il y a plus d'un siècle.
Des institutions comme l’American Cylinder Audio Archive et la British Library possèdent d’importantes collections de cylindres, et certaines universités continuent de les utiliser pour des recherches sur l’évolution de la technologie sonore.
Conclusion
Le cylindre phonographique, bien qu’éphémère dans l’histoire des supports musicaux, a marqué un tournant fondamental en permettant pour la première fois de capturer des sons et de les reproduire. Il a jeté les bases de toute l’industrie musicale telle que nous la connaissons aujourd’hui, et son héritage perdure dans la fascination qu’il continue de susciter parmi les collectionneurs et les passionnés de musique et de technologie.
